Une critique végan et fruitarienne de l'antiespécisme.

Par le Groupe de Défense du Véganisme


L'antiespécisme est un concept flou par rapport au concept clair de véganisme. Ce concept restera toujours flou. Car il y a plusieurs antiespécismes : un qui est abolitionniste de l’exploitation animale, comme l’est le véganisme, et l’autre qui est réformiste de l’exploitation animale, c’est-à-dire qui accepte une exploitation supposée « moins cruelle ».

Nous ne nous définissons donc pas comme antiespécistes mais comme activistes du véganisme, du fruitarisme ou des droits animaux (mais le concept de « droits des animaux » peut être flou aussi mais beaucoup moins) : c'est à dire végétalien-ne-s opposé-e-s à tout élevage, à toute vivisection, etc, bref abolitionnistes de l'exploitation animale.

Personne ne se définit comme antiespéciste dans le monde anglosaxon où le mouvement végan et des droits des animaux est très développé. Il y a un million d'activistes des droits animaux dans le monde pour seulement environ 20 antiespécistes francophones, 2 antiespécistes hispanophones et 2 antiespécistes germanophones. Un million qui rejette l'étiquette antiespéciste et 24 qui l'adoptent. Voyons de plus près cette exception française.


1-L'antiespécisme comme unique lutte sectorielle permet l'exploitation animale nonhumaine, donc est un concept nuisible à la défense animale.

Un tueur en série d'humains est-il espéciste s'ils tuent aussi des chats errants par exemple ? Il ne fait pourtant pas de discrimination dans ses victimes potentielles.

L'antiespécisme d'après sa définition c'est être contre la discrimination sur l'espèce. Mais si dans une société on expérimente sur les patients, on pratique le salariat et la peine de mort, on emprisonne des humain-e-s, on fait faire des numéros de cirques à des enfants, on pratique le viol plus ou moins officiellement voire le cannibalisme, cela justiferait-il l'exploitation des nonhumain-e-s ? Puisqu'alors la traction animale nonhumaine, tuer un félin, mettre dans les cirques des éléphants, manger de la chair ne seraient pas des discriminations puisqu'on le ferait plus ou moins ouvertement et librement avec des humain-e-s. Donc à moins d'être associé à des idées de libération des humain-e-s de leur propre violence et cruauté envers d'autres humain-e-s comme le font les Furieuses Carottes (groupe d’antiespécistes abolitionnistes et antisexistes etc.), ou d'être associé aux droits des animaux humain-e-s (mais pourquoi toujours faire référence aux droits humains quand on défend les animaux nonhumains ?), l'antispécisme, effort activiste sectoriel, permet donc l'exploitation animale nonhumaine. Dans la pratique les documents antiespécistes ne parlent pas des droits de certains groupes humains, de la libération des humain-e-s, par exemple du personnel des établissements de nourriture rapide.

De plus le travailleur exploité en salariat ne voit pas l'intérêt de libérer l'animal nonhumain exploité puisqu'il trouve normale sa propre exploitation et spoliation des ressources de la Terre.

L'« antiespécisme » confine donc des efforts activistes à vouloir soulager quelque misère animale nonhumaine

-soit dans une humanité en expansion de plus en plus violente, égoïste et cruelle, donc à des efforts sans fin, et décourageants, et considérés utopistes et épuisants comme lutte sectorielle.

-soit à des milieux d'ultragauche, écologistes ou anarchistes qui l’englobent dans leurs autres luttes et qui croient que l'humanité peut (re-)devenir bonne ou responsable, et se coupe ainsi du soutien du reste de la population qui n'aime pas l'ultragauche, les écologistes et l'anarchisme.

Alors que quand nous faisons une campagne contre un magasin de foie de gras ou un magasin de fourrure par exemple nous aimerions qu'un grand nombre de gens vienne protester contre le magasin sans être stoppé par l’étiquette « antiespéciste ». Cela n'est pas utopiste ou épuisant d'abolir la fourrure d'une façon droits des animaux. Piqueter un magasin de fourrure n’est pas protester contre une discrimination sur l’espèce, on ne lui dit pas « arrêtez de discriminer sur l’espèce, arrêtez de vendre de la fourrure » mais c’est protester contre des exploiteurs et tueurs violents et en soutien aux victimes de ces exploiteurs et de toutes les autres victimes des humain-e-s exploiteurs d’animaux à fourrures. NB Le philosophe végan Gary Francione pense qu’il serait plus efficace pour sauver les animaux d’éduquer le public au véganisme plutôt que de piqueter ou cibler ces abuseurs d’animaux.


2-L'antiespécisme restera une coquille vide, puisque c'est un concept qui restera toujours flou et frustrant.

Il n'y a qu'un véganisme, mais comme pour l'antisexisme, il y a autant d'antiespécismes que d'antiespécistes, donc on peut imaginer beaucoup de discussions inutiles entre eux, et donc le risque de suivre un meneur idéologique ou quelqu'un qui a plus de moyens de communication et de temps pour étudier ces questions. Certains antiespécistes réformistes ne sont même pas opposés à toute vivisection ni à l'usage de laitages.

Cette hétérogénéité fait qu'il n'y a jamais eu et qu'il n'y aura jamais de manifestation antiespéciste unitaire. Il y a des manifestations des droits des animaux mais pas antiespécistes.


3-En admettant qu’il y ait une idéologie « espéciste » c’est plus un conditionnement violent et des logiques économiques ou politiques et une idéologie de l'indifférence qui affecte le rapport négatif aux animaux nonhumains.

L'antiespécisme écrit qu'il y a une idéologie qui soutient tous les actes commis contre les animaux nonhumains : élevage pour la chair, pêche, vivisection, chasse. Pas tous. Pour nous, cette attitude, pas toujours consciente, chez son actrice/acteur n'est pas uniquement une idéologie, un « espécisme », c’est parfois une pathologie : une zoophobie, une nonhumainphobie, mais ce sont généralement d’autres idéologies violentes et l’opportunisme. Sa violence se dirige aussi contre les humain-e-s surtout en période de guerre, de troubles, d'absence de forces répressives. Il y a une phobie contre des animaux nonhumains, mais aussi du respect parfois de la part des abuseurs d'animaux. Ca dépend aussi de l'individu animal, certains seront graciés, épargnés, par l'abuseur, certains seront ses compagnons ou compagnes domestiques. Pour nous un-e omnivore, ne fait pas forcément de discrimination, n’a pas l’impression d’en faire, n'a pas forcément d'idéologie, c'est un-e omnivore point. Il pourra blesser, tuer, exploiter un nonhumain ou un humain, si l'occasion se présente et parfois sans trop réfléchir, si les conséquences sont intéressantes pour lui ou elle.

Donc l'omnivore n'a pas « la volonté de ne pas prendre en compte ou de moins prendre en compte les intérêts des animaux nonhumains pour son bénéfice », il ne les prend pas en compte.

L'omnivore n'a pas besoin de « prétexter des différences réelles ou imaginaires mais toujours dépourvues de lien logique avec ce qu'elles sont censées justifier », il n'en a rien à faire et assume sa violence.

Il y a d'ailleurs peu d'antiespécistes qui utilisent le mot « espéciste » pour confronter les agissements d'abuseurs d'animaux nonhumains.


4-L'antiespécisme est indécent par rapport aux victimes.

Une manifestation devant un magasin de fourrure est-ce que c'est une manifestation contre l'espécisme, contre la discrimination subie par les victimes de l'industrie de la fourrure ? Pour nous ce serait insulter ces victimes que de dire qu'elles sont victimes d'une discrimination de la part des fourreurs.

De même que en 1943, et ayant été allemands, nous n'aurions pas été devant Tréblinka avec un panneau disant « Assez du racisme envers les russes », « Arrêtez de tuer les détenu-e-s russes, vous faites une discrimination là, c'est pas bien », sous entendu c'est correct de tuer des humain-e-s mais pas quand il y a cette discrimination de faite. Qu'est-ce que la discrimination dans un monde basé sur la violence et le massacre ?

Nous sommes tou-te-s dans l'énorme prison mondialisée de la compétition financière, nous sommes tou-te-s pris-es dans la spirale de la violence et de la domination.

Dans une relation violente qui tournerait mal entre un chien et une femme qui vivraient ensemble dans ce monde violent, qui pourrait qualifier l'un ou l'autre d'espéciste ? Qui serait assez bien placé pour se permettre de juger leur relation et de déterminer le niveau de discrimination commis de la part de l'un ou de l'autre ? Personne. Est-ce que le chien était humainphobe ou la femme caniphobe ?


5-Le mot antiespécisme rappelle trop la discrimination et fait passer au second plan l'acte immoral.

On a l'impression que l'antiespécisme se limite à de la lutte antidiscrimination courante (on pense alors aux discriminations en terme d'accès au logement, nourriture, territoire, soin, travail, éducation) hors d'un contexte de grande extermination irréversible tragique.

Tu manges de la chair porcine ou humaine non-consentante mise à mort pour ta cuisine, tu fais aussi plus qu'une discrimination tu fais une boucherie, un massacre, tu prives un être de sa vie. Que ça soit un porcin captif sans défense ajoute un caractère aggravant et discriminatoire pour les antiespécistes, que ça soit un humain non-consentant ajoute aussi un caractère aggravant. La discrimination serait simplement une circonstance aggravante comme pour les meurtres homophobes ? Le caractère homophobe est un caractère aggravant du meurtre qui alourdit juste un peu la punition infligée.

Donc ce qui est choquant est surtout de tuer pour des raisons futiles un animal innocent, humain ou porcin. Le caractère anti-porcin de la tuerie serait donc secondaire par rapport à l'acte de tuer un animal pour des raisons futiles. Pourquoi pas alors parler de meurtre aggravé et non de simple discrimination sur l'espèce ?

De même pour la vivisection, ce qui choquant est de vivisecter, un être sentient, humain ou nonhumain, qu'à à voir l'antiespécisme ou l'opposition à une discrimination là dedans, dans la méchanceté ou l'immoralité du vivisecteur ? Le vivisecteur japonais n'était pas espéciste en vivisectant un prisonnier de guerre états-unien puisqu'il était de son espèce. Mais il se peut que ce soit son nonhumainphobie qu'il l'ait rendu vivisecteur ? Ou la violence de la société ?

De même pourchasser avec une arme à feu et des chiens un être sentient innocent en fuite, humain ou nonhumain est immoral, discrimination ou pas. Le véganisme, la douceur, exclue tous ces actes.


6-Même si l'on devait la porter, l'antiespécisme est une étiquette lourde à porter en francophonie car déjà largement prise par une mouvance antiespéciste-réformiste qui lui donne une image négative et modérée en ce qui concerne l'exploitation animale.

En effet, malheureusement pour tou-te-s les antiespécistes y compris les abolitionnistes, une partie du public francophone qui s’y est intéressé pense que l'antiespécisme c'est aussi la zoophilie (sexuelle) depuis que Peter Singer (écrivain bioéthicien utilitariste antiespéciste-réformiste de l'exploitation animale, auteur du livre « la libération animale » et qui a figuré sur une liste des Verts en Australie) en a fait la défense, choquant ainsi beaucoup d’activistes des droits des animaux qui sont opposé-e-s à toute utilisation sexuelle des animaux non-humains dans le contexte actuel de leur oppression et domestication. Le fait que Singer soit aussi pour la mise à mort des enfants sévèrement diminués dans leurs capacités au point d’en souffrir dès leur plus jeune age est aussi incompris. Les activistes handicapé-e-s des droits des animaux ne supportent ainsi pas Peter Singer.

Mais grosse déception, trahison et malaise pour les végans et abolitionnistes ayant continué à collaborer avec cette mouvance antiespéciste-réformiste : Peter Singer a soutenu publiquement à la télé britannique la vivisection de 100 singes du vivisecteur Tipu Aziz en novembre 2006. Voir cette vidéo du débat en anglais de Peter Singer avec ce vivisecteur vers la fin du documentaire sur www.youtube.com « Monkeys Rats and Me Part 2» et l'article d'Arkangel sur cette histoire, revue britannique de libération animale, qui est en ligne traduit en français sur le site d'international-campaigns.org.

Donc l'antiespécisme version Singer serait juste une volonté d'aller dans le sens d'une disparition partielle de l'exploitation animale ? Il ne l'a jamais exclu dans ses livres. Il est intéressant de noter aussi que Peter Singer et ses partisan-e-s tout en se proclamant pour une certaine « libération animale » ont critiqué et attaqué le véganisme par exemple comme étant extrémiste ou un désir exagéré de pureté. On ne peut faire d'attaque plus efficace contre le véganisme. Remarquons aussi que Peter Singer méprise ou ignore l'anarchisme dans ses livres sur la politique.

Alors nous, les végans, sommes-nous trop extrémistes en choisissant uniquement le rayon fruits et légumes ou sont-elles et ils trop modéré-e-s ? Qui sauvera le plus d'animaux ? Sommes-nous même complémentaires ou antagonistes ?

La question pratique que pose le végan Gary Francione est peut-on collaborer dans nos luttes, sans nuire à la portée de notre message, avec des réformistes, des modéré-e-s : avec des partisan-e-s du bien-être animal ? Gary répond non.

Gary est cohérent dans ce non : si on dit d'accord pour un peu de laitage, un peu de vivisection, et puis aussi un peu de chair bio, etc il n'y a plus de limite aux concessions faites à l'objectif. C'est comme avec la libération des humain-e-s, si on dit d'accord pour une exploitation humaine moins spectaculairement cruelle, du genre le salariat, on torpille l'objectif d'une libération totale des humain-e-s de la misère et de la spoliation.

Pour préserver notre message végan et abolitioniste de la vivisection, nous avons donc choisi depuis des années de ne pas faire des choses en commun avec les Vert-e-s ni avec tou-te-s celles et ceux qui diffusent encore les écrits antiespécistes-réformistes de Peter Singer comme par exemple l'association Peta. Nous ne collaborons pas également avec ceux et celles qui utilisent des arguments basés sur la vivisection comme les Amis de la Terre.

Et comme le concept d'antiespécisme est multiple et atténué dans ce pays, qu'il peut engendrer toutes les dérives, et pour les autres raisons exposées dans ce texte, nous avons choisi de nous abstenir d'utiliser ce concept. Même si nous nous opposons à des expressions et attitudes anti-animaux nonhumains. Le mot « antiespécisme » n'aura finalement jamais un sens radicalement abolitionniste de l'exploitation animale, à moins que les groupes du genre Furieuses Carottes ne se développent par milliers, ce qui est improbable. Nous restons persuadés qu'on ne peut pas se dire antiespéciste si l'on approuve certaines vivisections de nonhumain-e-s même en s'opposant aux autres 99% des vivisections. Ce qui diminue encore le total de 24 antiespécistes à peut-être 20 ou moins vrais antiespécistes.


7-L'antiespécisme est ambitieux et très confrontationnel, est-il réservé à une élite martyr ? Il n'y a aucun vrai antiespéciste.

Etre anti c'est faire des actions contre, c'est adopter une politique activement contre. Etre contre c'est choisir en commun des moyens d'agir contre. Par exemple prendre d'assaut un abattoir comme des antiesclavagistes l'ont fait avec un dépôt d'armement avec des esclaves, chose qu'aucun-e antiespéciste n'a fait jusqu'à présent. Par exemple arracher l’assiette de chair à un client d’un restaurant, ou arracher le sandwich à la chair d’un mangeur sur un banc public, personne n’a déjà fait ça.

Il est très ambitieux et courageux de vraiment s'opposer tout le temps à la discrimination sur l'espèce et donc au massacre des nonhumain-e-s. C'est se faire emprisonner, agresser et exclure de plein de groupes, du monde du travail etc. Qui donc serait complètement et réellement antiespéciste alors ? Personne. Nous sommes tou-te-s dans des concensus avec les abuseurs d'animaux, les mangeurs de chair, qui peuvent être nos parents, nos collègues de travail, nos artisans, etc. On ne peut pas se dire antiespéciste et manger avec des omnivores.

Alors qu'on peut être un-e activiste des droits animaux ou un-e végan qui se tait parfois devant de l'exploitation nonhumaine par raison tactique, pour se préserver et faire des efforts plus efficacement plus tard pour défendre d'autres droits animaux, qui nous tiennent plus à coeur par exemple.


8-L'antiespécisme est plus flou et compliqué par rapport au véganisme et à l'activisme droits des animaux. Est-il réservé à un élite intellectuelle ?

Qu'est ce qu'un comportement non discriminatoire sur l’espèce dans cette société pleine d'injustice ? Où dessine-t-on la limite ? Quelles compromissions ou tolérances ? Peut-on se dire antiespéciste et être parfois discriminatoire ? Qui est vraiment antiespéciste ? Faut-il empêcher quelqu'un qui sort de la chair ou en commande, qui porte des chaussures en peau ou un manteau de fourrure ? Quelles actions peuvent être qualifiées d'antiespécistes ? Personne n'a de réponse unifiée.

Et même si il y avait des lois contre la nonhumainphobie elles ne seraient pas respectées. La révolution végan viendra d'abord du peuple pas des député-e-s, les député-e-s suivront comme d'habitude. Un côté positif du mot « antiespécisme » pourrait être que ça pousse à en faire de longues études, mais au lieu d'être dans la rue ou devant des établissements d'exploitation animale à se bouger pour des choses simples comme le véganisme, l'abolition de la vivisection, du foie gras, de la fourrure etc. Au Royaume-Uni il n'est nul besoin de dépenser pour acheter des livres ou de lire quoi que ce soit pour être végan ou défendre les droits des animaux. Avec le mot « antiespécisme » on a l'impression qu'on ne maitrisera jamais le sujet et que l'on ne peut donc pas se dire antiespéciste et ouvrir sa gueule. Contrairement au mouvement des droits des animaux qui inclue un million d'activistes de toutes les classes sociales et de toutes les origines ethniques, l'antiespécisme n'a jamais réussi à devenir populaire, il est resté un sujet de discussion inépuisable d'une poignée d'universitaires.


9-L'antiespécisme est une définition négative.

Les droits des animaux, la personnalité des animaux nonhumain-e-s sont des expressions positives.


10-L'antiespécisme exclue les misanthropes (et ce pourrait être le seul côté positif de ce concept).

L'antiespécisme s'oppose à la discrimination envers les humain-e-s (une espèce animale comme une autre) et donc ne s'applique pas aux misanthropes et à celles et ceux qui souhaitent une disparition plus rapide de l'humanité.


11-L'antiespécisme inclue le problème des espèces végétales.

Avec les droits des animaux on se limite aux animaux.

Etre contre la discrimination sur l'espèce n'ouvre-t-il pas la porte aux droits des plantes et au fruitarisme ? Or c'est un sujet un peu trop vite réglé pour les antiespécistes : les plantes n’ont pas de droits. Et si ils et elles veulent ne parler que de condition des nonhumain-e-s il leur faudrait donc utiliser un autre mot de classification limité au règne animal : l'animal-nonhumainisme (discrimination sur le caractère nonhumain d'un animal) ou l'animalnonhumainphobie ou la nonhumainphobie ?

Au sujet du massacre envers les plantes. Voir des plants de carottes et d'oignons domestiqués, déterrés et agonisants, des céléris et des salades coupés sur les étals participe peut-être à encourager l'agression contre la nature, à banaliser les étals de chair de nonhumain-e-s car ça banalise l'asservissement, la mise à mort et la réification du vivant, même s'il n'est pas sentient et n'a pas eu de douleur. Le plant nait, grandit, respire, se nourrit, bouge lentement, se reproduit, communique peut-être, et meurt. Il a peut-être quelques droits aussi, par exemple celui de ne pas être pollué ou de ne pas avoir pour partenaires sexuels des plants OGM ? Mais peut-être pas le droit de ne pas être mis à mort, à moins d'être le dernier individu de son espèce ? Pourquoi personne n'aime casser des branches d'un bel arbre pour rien ?


12-L'antiespécisme met l'accent sur la différence d'espèce et nous divise donc entre animaux.

Alors que nous sommes tous des animaux. Pourquoi insister sur l’espèce ?


13-Faut-il nécessairement refuser la hiérarchisation des espèces pour gagner les droits animaux ?

Cela peut rebuter des gens de venir faire des efforts pour les droits d'animaux dont ils ne se sentent pas forcément les égaux, si on le fait dans le cadre de l'antiespécisme.


14-Faut-il nécessairement parler d'égalité entre les animaux pour gagner les droits animaux ?

Le côté négatif du mot « égalité » c'est l'uniformisation. Ce mot peut rebuter des gens, en particulier les gens non-marxistes qui ne croient pas ou plus à l’égalité entre les humain-e-s. La majorité des gens dans la rue ne défendent pas beaucoup les droits humains. De plus il n'y aura jamais d'égalité entre un tigre mangeur d'homme qui défend les forêts en Inde et les indiens qui s'y font manger. Ni entre un requin et son surfeur croqué. Les animaux n’en ont rien à faire de l’égalité politique intra-humaine.


En conclusion : le véganisme, et son aboutissement logique le fruitarisme, mènent une réflexion claire et accessible au public, sans aucune contradiction ni charlatanisme, car fondée sur la remise en question totale de l'exploitation du vivant dans sa globalité, chose que l'antiespécisme refuse d'aborder, et dont la logique principalement réformiste mènera forcément un jour ou l'autre à la création de nouvelles formes de discriminations et de classification du vivant, tout comme le fit d'ailleurs le fascisme qui en créant de nouvelles catégories de "sur êtres" et de "sous êtres" perpétua et justifia ainsi le travail forcé, la vivisection et le massacre de millions d'individus humains et non humains mais selon de nouveaux critères non plus seulement anthropocentristes mais physiques, raciaux, comportementaux et socio-culturels. Les nazis classifièrent aussi certains animaux non humains en race supérieure et inférieure.

Ainsi l'antiespécisme ne résiste pas à sa propre contradiction qui tout en souhaitant l'abolition des discriminations entre les espèces sans vouloir remettre en question les structures d'exploitation du vivant,

nous mènera tout droit à une égalité des espèces dans l'esclavage et la souffrance, avec pour les plus malchanceux de nouveaux critères d'infériorité et pour les plus chanceux de nouveaux critères de supériorité, car par définition tout système d'exploitation ne peut se passer d'exploités et d'exploiteurs, tout comme le maintien de la richesse des uns ne peut se passer du maintien des autres dans la misère, donc finalement l'antiespécisme nous fait tourner en rond sans réel changement concernant les droits du vivant dans sa globalité.

L'antiespécisme rejoint ainsi les fameux humanistes et leurs droits de l'homme, qui en leurs temps souhaitaient l'abolition de l'esclavage des populations colonisées pour mieux pouvoir mettre en place l'égalité de tous dans une nouvelle forme d'esclavage que l'ont nomme aujourd'hui le salariat ! On pourrait donc dire aujourd'hui que les antiespécistes sont pour l'égalité des animaux humains et non humains ayant le statut de marchandise, antiespécisme ou nouvelle forme d'humanisme dont le but serait d'adapter les consciences à une nouvelle forme d'esclavage ou seuls les individus génétiquements modifiés et marqués et tracés par des implants sous-cutanés seront considérés comme égaux, mais ou les autres plus sauvages auront à subir les pires sévices de par leurs refus d'être des marchandises égales.